Jean-Marie Gourvil, Thierry Barbeau, Eric de Reviers, John Dickinson, Isabelle Landy, Joël Letellier, Bernard Pitaud, Joseph Racapé, Dominique Tronc, Annamaria Valli
Jean de Bernières (1602-1659) est l’une des figures spirituelles les plus importantes du XVIIe siècle, dont la profondeur de l’expérience mystique se compare, selon Henri Bremond, à celle de Denys l’Aréopagite, Maître Eckhart, Tauler ou Jean de la Croix.
« Monsieur de Bernières », Trésorier de France, collabore à la fondation de nombreuses oeuvres à Caen et dans toute la région. Il assiste lui-même les pauvres et leur manifeste un amour compassionnel. Il est confident et maître spirituel de nombreux disciples dont Mère Mectilde et Monsieur Bertot qui sera plus tard le confesseur de Madame Guyon. Il soutient de nombreuses missions à l’étranger, dont celle de la Nouvelle-France. Il accompagne notamment l’action de Madame de la Peltrie et de Marie de l’Incarnation. De nombreux proches émigreront sur les rives du Saint-Laurent, dont Monseigneur de Laval.
Devenue suspecte, son oeuvre sera condamnée, en 1689, au moment de la crise quiétiste. La tradition mystique laissera alors place dans les mentalités à l’exercice d’une rationalité qui s’adapte mal à l’expression d’un christianisme intérieur.
Rencontrer Bernières c’est redécouvrir la mystique de l’abandon et de la quiétude, grande tradition chrétienne qui plonge ses racines dans l’Antiquité tardive et le Moyen Âge. C’est retrouver la spiritualité et la mentalité qui précèdent le grand renfermement des pauvres et le crépuscule des mystiques caractéristiques de l’Âge Classique et de la modernité. Homme dans la Cité cherchant à rompre avec sa condition d’aristocrate, Bernières témoigne que les hommes ne sont faits « que pour posséder Dieu, de la passion infinie que Dieu a de s’unir à eux ».