Gérard Hoffbeck, Luc Ravel (préfacier)
Mectilde du Saint-Sacrement (1614-1698) est une femme d’exception qu’il était urgent de sortir de l’oubli.
D’abord parce que sa vie est faite d’aventures dignes d’un roman de cape et d’épée. Née dans les Vosges où elle devient religieuse et même ancelle (c’est-à-dire Mère supérieure) dans un couvent des Annonciades, elle subit les conflits entre Louis XIV et le duc de Lorraine, s’enfuit, crée un institut religieux (les Bénédictines du Saint-Sacrement), passe une partie de sa vie en itinérance au service de ses fondations, telle Thérèse d’Avila. Elle a des relations continues ou échange des correspondances avec les grands de ce monde (Anne d’Autriche, le duc de Lorraine, la reine de Pologne) et les principales figures spirituelles de son temps (Saint Vincent de Paul, Saint Jean Eudes, M. Ollier, etc.).
Ensuite et surtout, parce qu’elle est, elle-même, une figure spirituelle. Elle fait partie de ces grands épistolaires qui pratiquaient la direction d’âme, inspirant de nombreux interlocuteurs. Dans le sillage de l’école française de spiritualité, Mectilde expérimente que c’est dans son histoire personnelle que Jésus continue à s’incarner. Dans son intimité comme dans les événements qui surviennent dans sa vie : persécutions, guerre, maladie. Elle a une dévotion particulière envers la Vierge Marie et, dans la droite ligne de la mise en œuvre pastorale du concile de Trente, elle accorde une attention particulière au Saint-Sacrement, lieu de la présence réelle du Christ, sommet pour elle de l’Incarnation.